lundi 8 janvier 2024

L'EVEIL DE L'AN

       


        Allongée discrètement sous une feuille pourpre, loin du tumulte bruyant, elle prolongeait sa nuit s
ans tenir compte de l'aurore naissante. la lueur des faisceaux lumineux venait caresser ses formes arrondies. Sa délicate respiration à peine perceptible par le vivant l'entourant, se révéla pour l'inviter à ouvrir ses yeux. Elle mobilisa discrètement son corps dans un mouvement ondulatoire instinctif. Se secoua pour irriguer ses cellules. Prit le temps de s'étirer à sa juste mesure...    
    
         Son plasma bleu-vert, propulsé à vive allure lui permit de se connecter à sa vie. Les ailes encore flétries, Dame papillon semblait se nourrir des rayons lumineux. Sans conscience de la prouesse de sa transformation, elle se tenait à l’écart de sa chrysalide desséchée. Elle attendait que les éléments de vie continuent d’œuvrer, pour libérer son cœur d’ailes face au soleil levant. Un moment incompressible s’écoula dans une immobilité apparente sans qu’elle ait besoin d’y mettre une durée. Chaque seconde passée l’aspirait vers un frétillement ailé à la découverte du monde. Puis mue par la pulsion de vie, elle s’éleva spontanément par un battement chancelant. Son départ fut accompagné d’un léger vertige entremêlé d’une insatiable curiosité. L’immense champ survolé ne lui rappelait aucunement son ancien habitat rampant. Tout était si différent. Aujourd’hui elle se confiait à l’air. 

        Ses yeux extrêmement sensibles aux couleurs s’épanouissaient au contact des fleurs s'ouvrant à la lumière du jour. Une légère brise balbutiante lui proposa de les rejoindre. L’imprégnation du vol dansé de sa lignée lui souffla une approche osée. Une grande fleur jaune aux pétales rayonnant le soleil se présenta au détour d’une voltige suspendue. Le large accueil lui semblait favorable pour son atterrissage innocent. Fixées dans un souffle retenu, ses trois paires de pattes assurèrent à son insu un amorti rassurant. Irrésistiblement, sans aucune intention, sa bouche s'allongea pour s'insérer avec frénésie dans un appendice, à la recherche du précieux breuvage divin. La trompe affleurant la surface, les sucs nutritifs furent aspirés. Et devant cette saveur inattendue, ses yeux s'éclairèrent pour observer une nouvelle architecture du monde. Portée malgré elle par cette transformation intérieure, préserver le cycle de la vie faisait partie intégrante de son être... 

Souhaitons nous en cette nouvelle année, d'être traversé par la légèreté, le vertige, la délicatesse, de nouvelles saveurs, un nouveau regard et surtout...par une lumière trans-éclairante...


ff

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